Maîtresse Saylie

Julia, ma soumise des beaux quartiers

Je n’ai jamais su ton vrai prénom, et c’est très bien ainsi.
Car pour moi, pour nous, dès que tu poussais les portes du donjon, ou lors de nos échanges téléphoniques, tu n’étais plus personne d’autre que Julia. Plus exactement, tu étais résolue à la faire vivre.
La faire vivre Julia, ma petite soumise. Oh que j’ai adoré te féminiser. T’éduquer. 
Je me souviens des premières fois. Il y avait encore ce phallisme qui te grattait, qui revenait en ressac, et je devais le chasser à coup de fouets. Tu te pronominalisais au masculin, un adjectif de ce genre t’échappait, et tu en ressentais l’erreur, brûlante, urticante, rappelée fois mille par le châtiment des orties.
Julia, tu ne résistais pas vraiment ; consciemment tu te voulais déjà toute à mon adoration. Car tu étais là pour te soumettre. Mais une part de ton esprit, de ton être mâle trop souvent source de mal-être, tentait de regagner surface. 
Je te revois attachée à la Croix de Saint-André, roulant de tes yeux la lie exquise du supplice, frémissant à la vue de mes accessoires. Ce n’était ni la cravache, ni la force des cordes qui t’impressionnait, te subjuguait le plus.
C’était ce petit bâtonnet carmin, porté à tes lèvres, symbolique à souhait, qui te faisait frissonner d’aise aussi bien que frémir d’une peur brûlante. Tu le savais, tu le sentais, il y avait là, sous une forme si mignonne, sans y paraître, l’instrument de ta féminisation. Ou plutôt de quoi le réveiller, ce pouvoir qui dormait en toi ; de quoi l’incanter, cette déesse lovée au creux de ton ADN. 

La première fois que le bout du rouge est entré en contact avec ta bouche – tu me l’as confié ensuite – c’est un plaisir différent qui t’a prise. Pas celui des rapports sexuels, pas celui des masturbations, celui qui touchait une part tue, engoncée, tapie jusqu’ici. 
Oh, tu n’as pas joui d’emblée. Car elle se livrait encore en toi, cette lutte. 
Il m’a fallu te remettre en place, tu t’en souviens forcément, quand tu as fait rentrer tes lèvres, que tu les as pincées comme un gosse rejetant sa bouchée d’épinards. Il m’a fallu te rappeler qui tu servais, qui tu satisfaisais, qui tu avais juré d’adorer. Supplice et supplication jumelés, le corps flagellé à juste titre, tu m’as promis de ne plus recommencer, d’accepter la pleine coloration en long, au large des deux commissures. 
Julia, ce soir-là, tu le savais : je n’achèverais pas ton maquillage. À la fin de notre rencontre, tu t’es essuyée, misérable, toutefois reconnaissante de mon implacabilité. 
La fois suivante, ô j’aime (je veux) que mes soumises apprennent de leurs leçons, tu t’es abandonnée, dolente, modèle d’obédience, jusqu’à ce que le travail soit terminé. Je me suis saisie d’un petit miroir, et tu as pu te voir belle, jolie, mirée pour récompense.
Une récompense dont il te fallait apprécier chaque instant. Tu le savais : la route était encore longue, et je t’accompagnerais avec fermeté.

C’était la douzième fois qu’on se voyait, je crois. Tu n’es pas arrivée comme d’habitude ; le respect était toujours là, bien sûr, tu n’avais oublié ni ta place, ni la mienne.
Mais tu voulais parler. Il y avait eu ce malentendu, cette transaction manquée, ce conflit qui avait viré au drame. Tu me décrivais ces échauffourées d’un monde à part, celui où l’on brasse des millions sans plus les compter. Et tu te sentais, tu te disais désemparée, incapable de, trop conne pour.
Tu ne manquais aucun pronom féminin, à ce moment-là. Aucun accord. D’une certaine manière, même si ton discours renvoyait à ta réalité, le jeu avait déjà commencé. S’était poursuivi.

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Mon silence te laissait pleurer, dramatiser – mélodramatiser même. Tu aimais te faire tragique, mi-femme mi-déesse désabusée, personnage racinien qui porte l’univers sur ses épaules, tiraillée, torturée par toute cette crasse, ces non-dits, cette toise du beau monde. 
Comme auto-cathartique, tu me déballais ces noms – modifiés pour l’occasion (émotionnés tout de même), tu en étais toujours antagoniste, mais sans jamais prendre les devants ou le dessus. Tu geignais et j’ai fini par réagir. Sévir. Non pas physiquement, en l’occurrence : c’est ma voix, autoritaire, ferme, phallique, qui t’a rappelé que je n’étais pas dupe. Que je connaissais ta force intérieure ; que j’en avais eu un aperçu, quelques éclairs, quelques éclats reflétés par l’écarlate absolution.  
Il était temps. Tu l’as compris. Nous en avions parlé, antérieurement. 
Tu t’es mise à quatre pattes, prête pour l’épreuve du feu. Le feu qui brûlerait en toi, car l’orgasme c’est ça : la flamme intérieure, l’ardeur amoureuse, non l’amour pour autrui, mais l’amour indicible, omniscient, celui qui vient de et passe par ton être profond, la fougue du vivant, l’ivresse d’être. 

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Julia, ma Julia, je t’ai alors préparée pour la pénétration. Ton cul était propre, tu t’en étais assuré par pressenti, ma petite soubrette était prête, donc – elle l’avait toujours été, au fond. 
Il était temps. Tu le comprenais. Il n’y avait même plus besoin d’en parler.
La douleur allait l’emporter sur le plaisir, d’abord, puis ils se livreraient bataille tous deux, éternels rivaux, alliés devant l’infini. Ni l’un ni l’autre ne pouvaient crier victoire, alors ils ne faisaient plus qu’un ; tes cris, Julia, étaient ceux d’un délice impitoyable. Poutrée, enculée, tu hurlais.
J’avais choisi une fucking machine. Je variais les vitesses ; les angles. Petite chienne, salope, oh oui c’était sale, candide pourtant, vierge car jamais auparavant… 
Je me suis approchée tandis que le gode te mitraillait, ma martyr, je t’ai offert ma poitrine pour étouffer tes lamentations, tes prières.

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Tu rejoindrais tes quartiers huppés après avoir pris cette bite en cul, changée, nouvelle, orgasmique, vraiment orgasmique. J’en avais le sentiment : contrairement à d’autres, tu l’atteindrais dès la première salve, cette extase. Elle te désengonçait, évidente, attendue, salvatrice.
À partir de ce moment-là, nos jeux ont changé. Naturellement, en fait. 
Le travestissement se faisait plus rare – nous avons même fini par arrêter, sans s’en formaliser.
Car tu l’avais apprivoisée, ta Julia, car je l’avais rendue possible, réelle, finalement organique. Quand tu as déménagé, ce n’est pas à l’homme des beaux quartiers que j’ai dit adieu. Ce n’est pas non plus à Julia. 
C’est à toi, tout simplement. Dans toute ta complexité, tout ton être, insécable et beau. Belle.