Maîtresse Saylie

Cinq questions à Maîtresse Saylie 

Entrevue numéro 2 : un échange concernant la version anglaise de Dom’innée 

Nous avons agendé et agencé une nouvelle rencontre avec Hercule Doré. Je me réjouis particulièrement de celle-ci, car elle doit graviter autour de deux événements exceptionnels… qui coïncident. Que j’ai tenu à faire coïncider.
Je n’en dirai pas davantage, cher lecteur, car je gâcherais ta lecture de l’entrevue. Il est en tout cas question de mon premier roman BDSM, et de sa traduction en langue anglaise. Mais ce n’est pas tout…
Nous voici au boudoir. Toujours très élégamment apprêtée, le journaliste prépare son matériel. Il ne laisse jamais apparaître l’ombre d’un smartphone ou d’un autre périphérique connecté. Monsieur travaille à l’ancienne, muni d’un simple bloc-notes et d’un stylo.
Au bout de quelques minutes, il se râcle la gorge et entame ses questions.

S’il fallait présenter Dom’innée en quelques mots, que diriez-vous ?

Dom’innée est un roman. Je dis « roman BDSM » pour donner immédiatement le ton, mais la réalité se veut plus subtile. Évidemment, c’est l’histoire d’une dominatrice. Une histoire en trois parties, au demeurant. J’ai déjà commencé l’écriture du deuxième tome. Évidemment, il y a des scènes de sado-masochisme, du sexe, des moments vraiment osés et coquins. Fuck machines, adoration des tétons… tout cela fait partie des jeux de domination. 
Néanmoins, il ne faut pas s’attendre à une enfilade indigeste d’épisodes de domination érotiques. En plus du côté coquin, et je me suis efforcée de rendre cela organique, il y a de l’action, de l’humour,  du suspens, ainsi que des moments de réflexion. J’ai voulu donner du sens à cette épopée, à mon épopée.

BDSM Domination Paris Maitresse

Une maîtresse est aussi… non, pardon, surtout une femme. Ce premier roman raconte la femme, la jeune femme en l’occurrence, puisque j’évoque mes premiers pas dans l’univers SM à New-York. 
Il y a aussi quelques passages à Paris, dans le présent. Ainsi, la lectrice ou le lecteur qui veut connaître la Maîtresse Saylie d’aujourd’hui… ne doit pas attendre le deuxième tome. Cela aurait été frustrant.

Alors bien sûr, cela suppose quelques allers-retours chronologiques. Toutefois, j’ai une anecdote croustillante à ce propos : la majorité des œuvres littéraires ne suivent pas de structure linéaire. Le public du XXIe a l’habitude de ces jeux temporels. Aussi, j’ai pris soin de séparer chaque épisode. Il y a des petits résumés, encartés, pour celles et ceux qui ont besoin de se repérer. 

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La version française est déjà disponible. Qu’en est-il de la version anglaise ?

J’apprécie pleinement que vous me posiez la question. Il faudra prendre son “mâle en patience” avant de suivre les aventures de Saylie en anglais. La traduction demande beaucoup de temps et d’énergie. Mais tout sera prêt pour le France FemDom, qui se tiendra du 27 au 29 juin 2024 à Paris. J’ai hâte de participer à cette grande convention. Elle résonne à l’international, sous la houlette d’Inanna Justice, une excellente domina aux talents infinis. 
Il m’a paru évident de conjuguer la sortie du tome 1, dans la langue de Shakespeare, avec la tenue de cette Fête des Dames, comme on l’appelle parfois aussi.  
Nous formons une véritable sororité, et ces trois journées constituent une parfaite occasion pour le célébrer. Car la domination féminine transcende les frontières, c’est une ode au pouvoir féminin, qui peut exciter, fasciner, réjouir et faire jouir dans le monde entier. N’hésitez pas à consulter le site officiel de ce grand triptyque.

Vous dites que la traduction demande du temps et de l’énergie… pouvez-vous expliquer pourquoi ?

Oh, c’est un sujet passionnant. Vous le savez, Hector, car vous m’avez déjà lue : mon écriture se veut très lacanienne. Les mots revêtent une grande importance pour moi. Quoique parler « d’importance » soit réducteur. Car les maux et les mots sont intimement liés. Lorsque nous parlons, nous vivons. Lorsque nous écrivons, nous revivons. Dans tous les cas, le verbe reflète l’âme, l’esprit, et les jeux de mots font donc entièrement partie du processus d’écriture. Je joue avec eux comme je joue avec les soumis… je suis joueuse, que voulez-vous Rire
Voilà donc ce qui rend la transposition aussi complexe. Il y a des mots, des expressions qui existent uniquement en français. Qui résonnent en moi lorsque je manie ma langue maternelle.

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En faire une interprétation fidèle demande beaucoup d’habileté. Il faut même, parfois, remplacer, réajuster… sans compromettre l’essence de l’œuvre. 
Je vous encourage à approfondir la bibliographie de Jacques Lacan. Il montre à quel point la réalité et le symbolique ne sont pas si distinctes qu’on pourrait le penser. Ses réflexions sur le signifiant et le signifié en disent beaucoup sur la complexité de notre humanité.

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Avez-vous des exemples d’expressions particulièrement rebelles au moment d’une traduction ?

Oui, mais je ne vous révélerai pas le résultat tout de suite Sourire complice. Il faudra attendre la sortie officielle pour cela. Parmi les formules en français que j’affectionne, il y a « mâles-menés », « en corps et encore »… Au-delà du BDSM strictement, le titre d’un chapitre fait référence à l’anthologie de Marcel Proust, « À la recherche du temps perdu ». Je me suis amusée à l’écrire « du tant perdu »… je vous laisse imaginer le challenge lors de la traduction. Parfois, je crois que je fais exprès de me compliquer la tâche, pour le défi. Rire.

Je poserai cette question pour chaque entrevue : avez-vous quelque chose à ajouter ?


Et je vous répondrai probablement toujours : oui. Car j’adore échanger. J’espère que mes lectrices et lecteurs adoreront lire Dom’innée tel que j’ai adoré l’écrire. Il y a longtemps que je cultivais cette idée, cette envie… et je suis heureuse d’avoir pu la concrétiser. 
Je profite de cette entrevue pour « teaser » la partie suivante. Elle se déroulera à Paris, et je me réjouis de la partager. Il s’agira de se concentrer sur ma double vie. Le tout début reprendra exactement là où « Naissance d’une domina » s’est achevé. Nous aurons le fin mot de mes péripéties new-yorkaises. Puis l’ambiance sera frenchy.