Cinq questions à Maîtresse Saylie
Entrevue numéro 4 : les sondes urétrales
Mes entrevues avec l’éminent Hercule Doré suivent leur cours agréablement. Et il est temps de se focaliser sur un sujet à la fois piquant et doux : les sondes urétrales. Si tu te poses des questions sur ces accessoires, et sur les pratiques au cours desquelles on les utilise, ces quelques lignes vont t’intéresser.
Pour la première fois, Monsieur Doré est en retard. Je ne lui en tiendrai pas rigueur : les embouteillages parisiens font presque partie du paysage.
Il finit par arriver, m’offre un bel-main sans faillir à notre petite coutume, et s’installe. Je remarque l’extrême élégance de son vêtement ; le mauvais temps n’a perturbé aucun pli. « Alors, me dit-il sur un ton joueur. Les sondes urétrales… il est temps de vous sonder sur ce sujet. ».
Je ris de bon cœur, et nous commençons.
Une question très classique tout d’abord : qu’est-ce qu’une sonde urétrale ?
À priori, la sonde urétrale peut sembler impressionnante. Elle prend généralement la forme d’une tige, plus ou moins longue, destinée à être insérée… dans l’urètre, justement. Ce petit trou situé au sommet du gland sert à uriner, ainsi qu’à éjaculer. On en voit qu’une petite partie.
Un peu comme au moment d’une sodomie avec gode-ceinture, le flux directionnel « routinier » est pris à revers. On fait entrer un jouet… par là où les fluides, les produits métaboliques sortent d’habitude. Cérébralement, c’est très grisant. On fait un pied-de-nez à la « logique ».
Comme souvent dans l’univers BDSM, les sondes urétrales sont réinvesties par rapport à leur emploi originel. Chez un médecin, à mille lieues des assignations sexuelles, elles servent au drainage urinaire ou à certaines interventions chirurgicales.
Les grandes marques de jouets sexuels ont conçu des déclinaisons absolument sécuritaires, et un peu plus élégantes, plus designs, non sans une belle créativité. Cela dit, quelques dominés sont friands de mimétisme. Ils aiment quand l’instrument ressemble beaucoup, ou absolument aux modèles.
Quelles sont les sensations ressenties par l’insertion de ces sondes ?
Je pourrais difficilement me baser sur ma propre expérience pour vous répondre *Rire*. Tout d’abord, afin que la magie opère, il faut absolument employer du lubrifiant. Il permet d’atteindre les zones érogènes tout en douceur, avec fluidité. Car oui, les parties provoquant du plaisir ne se limitent pas à la verge, au gland et aux testicules. À l’intérieur-même de l’organe se loge des spots sensibles.
Les sensations ne sont pas les mêmes qu’au cours d’une stimulation classique, elles se veulent à la fois plus subtiles et concentrées. Elles sont, en outre, surprenantes, car inhabituelles et transgressives. Frissons garantis.
J’alerte tous les couples qui souhaiteraient se « lancer » dans l’intimité : renseignez-vous en amont. Assurez-vous de connaître les limites, de savoir quand s’arrêter. Le plaisir ne vaut pas la peine s’il débouche sur des complications médicales.
Quel est votre rôle, précisément, quand vous utilisez ce jouet ?
Mon rôle est similaire à celui que je joue le reste du temps. Je suis, littéralement, la maîtresse du jeu. Je vous en parlerai plus amplement lors d’une autre conversation, mais j’adore les scénarios. Ils invitent à une cérébralité délicieuse. Typiquement, la sonde urétrale donne l’occasion de jouer avec le fétichisme de l’univers médical. Je deviens alors infirmière, doctoresse… c’est selon.
Celles et ceux qui n’ont pas ce « kink » se demanderont sans doute ce qu’il y a d’excitant à invoquer ces codes. On pourrait consacrer des heures de réflexion à ce sujet ; j’irai donc au plus simple. Dans ces moments-là, le soumis s’abandonne aux « soins » (métaphoriques) d’une femme qui le contrôle, qui manipule ses parties, qui le met dans une position de vulnérabilité exquise.
Je prépare soigneusement mes rencontres avec chaque client, n’hésitant jamais à manier le verbe autant que mon équipement. Ainsi, on est très loin des sessions en solo. Une dialectique s’installe. Elle rend tout ça beaucoup plus excitant. J’invite les lectrices, les lecteurs à consulter le reste de ma gazette. Que ce soit à l’occasion des présentes retranscriptions, au détour de mes fables ou au gré de mes articles plus classiques, j’ai souvent l’occasion de revenir sur cette dynamique intellectuelle.
La manière dont le jouet est intégré au paradigme compte autant, si ce n’est davantage selon les profils, que la dimension purement charnelle.
Je connais déjà la réponse, mais la question s’impose : garantissez-vous la sécurité et l’hygiène des personnes ?
Toujours. Systématiquement. Sans forcément entrer dans les détails de sa vie privée, je m’assure que le mâle-mené soit prêt à recevoir la sonde urétrale. Qu’aucune affliction particulière ne rende cela risqué.
Si rien ne s’oppose à cette pratique, alors l’exploration peut commencer. En amont, je veille à nettoyer parfaitement les objets. Je peux compter à la fois sur la diligence des fabricants, qui emploient des matériaux adaptés… et sur ma propre intransigeance en termes d’hygiène et de sécurité. Je dispose des produits nécessaires. J’applique un protocole inébranlable.
Même si le BDSM, par essence, implique une prise en main, une certaine directivité, le dominé a la possibilité d’interrompre la session à tout moment, grâce au safe world.
Quoi qu’il arrive, comme vous vous en doutez, je sais me servir des sondes urétrales de manière à ce qu’elles ne compromettent jamais l’intégrité physique des concernés. Si on me suggère l’idée d’aller plus loin, trop loin, je refuse systématiquement. Ce serait un affront à la déontologie. J’ai des principes, et je m’y tiens. Quel que soit le contexte, aucune conséquence grave n’est imaginable.
Un mot de la fin pour nos lectrices et lecteurs ?
Oui, absolument ! Avec joie. J’aimerais préciser que je prends aussi du plaisir à l’utilisation de la sonde urétrale. Une jouissance cérébrale ; ma préférée.
Parmi les spécificités de cette insertion, il y a sa nature plus douce. Elle aide à alterner les approches, entre deux jeux d’impact, par exemple.
J’invite celles et ceux qui n’ont jamais tenté l’expérience à l’envisager. Toujours en gardant les nécessités sécuritaires à l’esprit. Évidemment.
