Cinq questions à Maîtresse Saylie
Entrevue numéro 7 : une collaboration avec Sardax
Notre première série d’entrevues avec Hercule Doré touche à sa fin. D’autres suivront probablement ; après tout, l’univers BDSM regorge de nuances exquises.
Lors de notre précédente rencontre, je lui ai présenté mes sextoys en guise d’érotique préambule. Cette fois, nous commentons les différents ouvrages que j’entrepose en vitrine, au sein du donjon. Il y a mon premier roman, le tome 1 de Dom’innée donc, ainsi que d’autres titres liés à la domination.
Si nous nous étions écoutés, nous aurions sans doute prolongé les commentaires jusqu’à l’aube, tant chaque détail pouvait conduire à une digression. Mais le devoir nous appelait. Il fallait entrer dans le vif du sujet, et quel sujet : Sardax.
Ce pseudonyme ne vous dit rien ? Je vous encourage vivement à poursuivre la lecture. Derrière ces quelques lettres faciles à retenir s’étend tout un cosmos artistique…
Dans le cadre du roman Dom’innée, vous collaborez avec le dessinateur Sardax. Pouvez-vous le présenter en quelques mots ?
Avec plaisir. En cette ère de la génération par intelligence artificielle, il me semble plus que jamais indispensable de rendre hommage aux artistes humains. Ceux qui insufflent une énergie vibrante et particulière à leurs œuvres, les nuançant d’une malice et d’un génie renouvelé.
Sardax se consacre pleinement aux illustration BDSM. Il est intéressant de noter que cela n’a pas toujours été le cas ; aux prémices de sa carrière, il croquait l’érotisme plus généralement. Puis sa passion pour les dominas a fini par… prendre le dessus *sourire*.
J’apprécie pleinement sa démarche, car il tient à créer la surprise, à étonner ; il a ce côté joueur qui m’a enchantée d’emblée. Ce dessinateur sait titiller mon imaginaire de façon absolument exquise.
Quelques regards posés sur son portfolio suffisent à s’en convaincre : Sardax est très cultivé. Une constellation de références traverse, agrémente, pimentent chaque représentation. La cérébralité se veut pleinement à l’honneur ; celle ou celui qui déguste son travail des yeux n’est jamais pris(e) pour un(e) imbécile. Bien au contraire, ces dessins BDSM tiennent du rébus, de l’énigme passionnante à décrypter.
Il me semble que vous partagez un goût pour le vintage… n’est-ce pas ?
En effet. Il y a un soupçon d’intemporalité qui participe au succulent de sa recette graphique. Soit parce qu’il invoque des figures illustres (Alice au Pays des Merveilles, typiquement), soit parce que les vêtements choisis, les éléments scéniques nous invitent à un voyage dans le temps.
Lorsque je mène un soumis à la baguette, au fouet, je vous l’ai déjà dit : je suis avant tout une femme. Sardax sublime le pouvoir féminin, le met en scène à tous les temps, jusqu’à alterner entre la couleur et le noir et blanc. Il montre que la quintessencielle sororité n’a pas d’âge. Que la domina fessant, faisant le mâle s’affaisser, confirme à quel point la vieille idée du « sexe faible » n’est qu’une construction fantasmée.
Pour en revenir au côté retro en tant que tel, j’en suis amatrice moi-même. Il me plaît d’en appeler aux titres d’antan, aux attributions royales ; j’aime être reine face aux pages dévots.
Sardax et vous collaborez sur le projet Dom’innée. Pouvez-vous en dire plus à ce sujet ?
Sardax a orné de son talent la 4e de couverture. Avec une approche singulière, en l’occurrence : cette scène où Lady Saylie invite une femme tout en ayant « mis de côté » deux dominés sera à découvrir… au fil du deuxième tome. De quoi annoncer la suite.
J’allais justement vous le demander ! Les aventures BDSM d’Hélène Moreau vont donc se poursuivre ?
En effet ! Je tiens beaucoup à l’idée d’une trilogie. C’est à dessein que nous avons intégré le dessin énigmatique de Sardax aux côtés du synopsis. Les lectrices et les lecteurs peuvent s’attendre à de nombreux rebondissements dans le tome 2. J’y révélerai plusieurs épisodes inspirés de ma double vie parfois éprouvante mais toujours exaltante, en qualité de dominatrice.
Je ne pouvais pas imaginer mieux que ce grand artiste au crayon de cette épopée. La fameuse illustration figurant sur la 4e de couverture joue d’un contraste saisissant. À droite, on a l’impression d’une scène très mondaine, à la fois rieuse et proprette. À gauche, en revanche, la tonalité change : deux hommes attachés semblent pieds et poings liés.
Cet oxymore visuel se doute d’une véritable âme ludique. Sardax ne se contente pas de « montrer », il donne du sens et capte l’essence du sujet. Ou plutôt des sujets.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Oui. Cette expérience montre à quel point la synergie des talents se révèle réjouissante, parfois. C’est encore plus vrai lorsqu’on se retrouve autour d’une passion commune. Tant que demeurent la bienveillance et le respect, un infini de mariages allégoriques devient possible.
Je vous invite tout autant à découvrir mon roman qu’à admirer le travail de Sardax. Sachant qu’en vous procurant Dom’innée… vous pourrez faire les deux !