Maîtresse Saylie

Cinq questions à Maîtresse Saylie 

Entrevue numéro 8 : les pince-tétons

Toutes les bonnes choses ont une fin, comme on dit ; j’aime à penser que certaines d’entre elles ont aussi une suite. Même s’il faut prendre son mal en patience. Aujourd’hui marque, tout du moins, la dernière entrevue avec Hercule Doré, ce journaliste féru de BDSM.

Avant d’aborder le sujet du jour, nous évoquons quelques sujets d’actualité. Cela ne consiste nullement en du « small talk », comme on dit en anglais. Il y a un vrai plaisir partagé à commenter la pluie, à espérer le beau temps en compagnie de ce professionnel avisé.

Nous finissons par prendre place, et il ouvre le bal des questions. Nous allons nous focaliser sur les pince-tétons.

Qu’est-ce qu’un pince-tétons ?

Certains accessoires employés en BDSM peuvent servir dans d’autres domaines. Je pense notamment à la sonde urétrale, qui sous sa forme clinque permet aux docteurs de réaliser certains gestes médicaux. Le pince-tétons, toutefois, appartient exclusivement à l’univers du sado-masochisme.

Comme son nom l’indique, cet accessoire permet de stimuler les tétons avec vigueur. Le principe ressemble à celui d’une « pince à linge », mais les fabricants de sextoys soignent l’esthétique de l’ensemble pour titiller l’imaginaire des usagères et des usagers. Aussi, l’essor de la technologie permet de moduler la pression exercée, selon les modèles.

BDSM PARIS pince téton

Certains portent cet objet érotique pendant un long moment ; d’autres préfères les sessions courtes et intenses. Tant que l’on veille à la sécurité et à l’hygiène, il n’y a pas de règles. À part celles définies dans le contrat d’appartenance, bien sûr.

Maitresse Saylie BDSM cuissarde cuir

Une question me vient à l’esprit… le pince-tétons est-il une source de plaisir ou de douleur ?

Je commence à vous connaître *sourire* ! Vous avez déjà la réponse, et c’est pourquoi vous m’invitez à en parler. En réalité, c’est un peu des deux.

Il faut savoir que les tétons sont des zones érogènes. Ainsi, lorsque le dominé porte cet instrument bipartite, il peut parfaitement ressentir une certaine jouissance. Considérant que la donne change sensiblement (et pour cause…) d’une personne à l’autre. Certains se délecteront d’un délice constamment renouvelé. D’autres seront moins convaincus par la pincée.

Côté douleur, en revanche, il est rare qu’un mâle-mené reste indifférent. Cette partie du corps se dote d’une riche innervation. Elle se compose de terminaisons nerveuses à foison. Dès lors, selon la pression exercée, les soumis doivent faire preuve d’une jolie résilience pour ne pas me supplier d’ôter les pince-tétons.

Cela étant dit… cette synergie des sensations antithétiques touche au cœur du BDSM.

Voulez-vous dire que la douleur et le plaisir se confondent lors d’une séance BDSM ?

Je ne sais pas si le terme « confondre » convient vraiment. Il suppose une forme de… confusion. Je préfère parler de complémentarité ou de synergie, justement. Une véritable cohérence s’installe, notamment grâce à la rédaction du scénario et au rythme que j’adopte.

En somme, il ne s’agit pas simplement de « poser » le pince-tétons sur l’homme et de le regarder pousser des cris. Il y a un contexte, une ambiance érotique qui sublime le jeu. La dimension cérébrale permet de tisser un lien entre le plaisir et la douleur, justement.

BDSM PARIS pince téton

Qu’est-ce que l’utilisation des pince-tétons a de particulier, par rapport à d’autres approches ?

J’apprécie pleinement cette question. En effet, il y a plusieurs nuances lors d’une rencontre BDSM. Lorsque je joue avec le sexe, même si de nombreuses subtilités restent possibles, se consacrer à cette zone du corps n’a rien de fondamentalement inouï. En revanche, les tétons occupent une place spécifique dans la fantasmagorie masculine.

Chez les hétérosexuels particulièrement, le sein est souvent sexualisé… mais plutôt celui de la femme. S’accrochant aux codes de la virilité, nombreux sont les mâles qui renoncent à la stimulation de cette zone érogène par orgueil. Il faut dire que le porno bas-de-gamme n’arrange rien au problème.

Au boudoir, il vaut mieux laisser l’orgueil de côté. Le pince-tétons rappelle tout à fait aux hommes qu’ils sont dotés, eux aussi, de ces petits monts, même si la nature leur a conféré un supplément de discrétion.

Ainsi, le volet psychologique importe considérablement, comme d’habitude. Lors d’une mise en scène relative à la féminisation, cet accessoire peut contribuer à l’emphase. On s’amuse, par exemple, à parler des « petits seins » de la soumise, avec lesquels la domina badine. La dynamique subversive délecte l’intellect peut-être plus ardemment encore que le corps.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Oui, j’aimerais insister sur un point essentiel. Toutes les pratiques de ce genre suscitent des interrogations légitimes concernant la sécurité, l’hygiène et la santé. Comme je l’ai laissé entendre un peu plus tôt, je suis absolument intransigeante et parfaitement délicate à cet égard.

Tous les sextoys font l’objet d’un entretien rigoureux. J’ai, au demeurant, l’expertise et l’expérience nécessaires pour me servir des pince-tétons sans que cela n’engendre la moindre complication. Je n’ai jamais l’intention de blesser ou de laisser des marques durables sous le corps du soumis. Lesdites marques peuvent être éphémères ; pas davantage.

Le jeu doit rester un jeu. C’est pourquoi un safe word permet de quitter la sphère BDSM et de se reconnecter à la réalité si le besoin s’en fait ressentir. Je reste très attentive à cet aspect ; il en va d’une confiance mutuelle, tout à fait indispensable.