Quelles sont les différentes pratiques liées aux jeux de pieds ?
Au pied ! Cette expression relative à l’éducation canine prend tout son sens quand on évoque les jeux de pieds. Car cet organe – ces organes – sont symboliquement symboles de soumission.
En tant que dominatrice, je le sais bien (et j’invite tout le monde à en prendre conscience) : le plaisir ne vient jamais uniquement de l’organe sexuel.
Il est même essentiellement affaire d’esprit.
La satisfaction, l’excitation délectent l’inconscient, ses tabous ; certains désirs tabous font jouir parce que l’on s’abandonne. Parce que l’on tombe sous le coup de ses fantasmes, parfois jusqu’à se mettre à terre, dans un acte de dévotion. À terre… là où se dessinent les pieds, nus ou chaussés, si près et auxquels il faut pourtant mériter l’accès.
Dans les lignes à venir, je vais justement t’expliquer quels sont les différents jeux, les subtiles pratiques qui impliquent les pieds. Loin de la baise crue, c’est tout un pan de l’érotisme dont je vais te dire quelques mots…
L’adoration des bottes
Avant la dominatrice, c’est l’imaginaire qui te soumet. Jour après jour, l’esprit cultive des fantasmes, des fétiches qui n’ont pourtant pas bonne presse – que la bien-pensance sociétale préfère rejeter, engoncée par un moralisme séculaire. Millénaire.
Parmi ces « kinks », comme on le dit en anglais, il y a l’intime, parfois l’irrésistible désir d’obéir.
Tu as sûrement déjà entendu l’expression « elle/il est à ma botte », n’est-ce pas ? Cette chaussure n’a rien d’une tong. Dans les contes célèbres, dont on méconnaît foutrement la perversion d’ailleurs, elle est régulièrement symbole de pouvoir. De richesse, aussi, et d’ascension sociale.
Un petit tour dans l’histoire rappelle aussi la manière dont la botte a renvoyé à la domination phallique durant des siècles. Comme on l’apprend ici, Jeanne d’Arc, « en enfilant des bottes d’homme, (…) avait usurpé l’autorité patriarcale ».
Car l’esclave ne portait pas la botte, car la femme se contentait de souliers.
Dans une pratique sexuelle consistant à adorer les bottes, toutes ces allégories ancrées dans notre mémoire collective font jouir par inversion.
L’homme devient servant. Serf. La dame exige que l’on nettoie, que l’on embrasse cette botte qui représente son ascendant sur le soumis. La vénération rime avec dévotion, plus bas que terre, toisé par une reine implacable. Et bien sûr, au sein des donjons, ce sont les bottes à talons hauts qui s’imposent, terribles de fait, donnant le vertige au pitoyable adorateur.
Le piétinement
Le piétinement est une pratique redoutablement efficace, dans la constellation des jeux d’humiliation. Elle ne laisse aucune place à l’à-peu-près.
Là encore, ce fetish trouve ses échos dans la culture populaire. Nancy Sinatra chantait, en 1965 (je traduis) : « Ces bottes sont faites pour marcher, et c’est ce qu’elles vont faire ; un de ces jours, je te piétinerai ».
Certains y voient l’un des hymnes (relativement involontaires) de l’émancipation féminine au XXe siècle.
Mais je ne vais pas te donner un cours d’histoire. Ce qui m’intéresse ici, c’est cette idée de piétinement comme acte de domination. Dans la chanson de Madame Sinatra, la chaussure et la femme ne font qu’un. Et elles prennent le dessus.
Dans le cadre d’une séance BDSM, la dominante chorégraphie son ascendant, dans un sadisme assumé, contrôlé, délicieux. Toi, en bas, toi, l’esclave, je te marche dessus. Et tu te laisses faire, car tu brûles de cette obéissance castratrice ; paradoxalement, tu te sens plus léger sous le poids de mes pieds chaussés.
Le piétinement en BDSM : est-ce dangereux ?
Je ne saurais aborder cette pratique sans répondre à la question cruciale, qu’une simple visualisation conduit à se poser : la personne dominée prend-elle des risques ?
Et la réponse est non. Il s’agit d’un jeu érotique avant tout. Tout hardcore soit-il, il ne met pas en péril ton intégrité physique. De mon côté, en tant que dominatrice, je sais piétiner sans qu’aucune partie du corps impliquée ne soit blessé.
J’ajouterais qu’il existe une variante du piétinement, elle aussi safe mais moins discrète : on l’appelle le traçage. Comme son nom l’indique, elle dessine un sillon sur le corps de la personne dominée. Il y a quelque chose de tribal, de primal dans cette déclinaison. La dominatrice – pour autant que cela soit convenu en amont – adopte une approche pour ainsi dire territoriale.
Adoration des pieds
Jusque-là, je me suis focalisée sur les actes impliquant des chaussures.
Il est temps de les enlever. Car le pied, ses veines, ses plis, ses creux subtils, fait vibrer tout un cosmos de fantasmes, d’ardeurs chez les fétichistes qui lui vouent une adoration.
Si tu parcoures cette page, tu as sans doute déjà un intérêt, une curiosité pour cette approche du plaisir…
Sache qu’il fait partie des jeux coquins les plus délicieux. Lécher, appliquer des caresses, masser… les possibilités sont multiples, entre sensualité et dévotion.
Par définition, la maîtresse est exigeante. Elle ne se contente pas d’un coup de langue ou de quelques doigts vagabonds le long d’une plante. La punition est tout à fait envisageable si l’adorateur ne s’affaire pas correctement à son exercice délicat de dévotion.
Le pied doit se gagner, puis son exploration, supposant une pamoison par strates, une reconnaissance diffuse, n’est jamais totalement acquise.
Adorer, c’est aussi satisfaire, avec toute l’exigence que cela suppose.
La succion des orteils : quand la corde anthropophagique résonne
Le sexe et la gastronomie ont tant d’affinités. Ne parle-t-on pas de pimenter un acte sexuel ? Ne dit-on pas qu’un homme ou une femme est à « croquer » ? Qui n’a jamais entendu quelqu’un donner dans le « mon chou » ou le « mon sucre » ?
Les ébats charnels, que ce soit dans le cadre d’une rencontre BDSM ou dans un cadre plus classique, sont affaires de gourmandise. Lécher, en soi, c’est déjà se ravir les babines.
Ce n’est pas le goût qui importe, toutefois. Mordre, sucer, mordiller… résonne comme une récompense. Et il y a ce plaisir du péché.
Ne nous méprenons pas, le « fruit » (jamais une pomme n’est clairement évoquée – cette représentation est une construction ultérieure !) auquel Ève a cédé dans la Genèse n’avait pas le trognon qu’on imagine. C’est bien au plaisir de la chair que les deux fondateurs ont cédé.
Sucer les orteils, dans le cadre d’un jeu BDSM, c’est s’accorder ce « morceau du délice à chaque homme accordé pour toute sa saison », comme l’écrivait Baudelaire. C’est répéter la faute originelle, c’est se dévoyer par la dégustation du tabou.
Fétichisme de la chaussette
Moins connu, le fétichisme de la chaussette a ses atouts lui aussi. Le plus souvent, au demeurant, ce sont les bas qui se trouvent à l’honneur. Délicats, élégants, ils ont tout de l’intermédiaire chic.
La chaussure protège le trésor, le Graal du fétichiste… et la chaussette ou le bas peuvent constituer des bastions supplémentaires. On ne le dira jamais assez : les vidéos porno font la part belle à la précipitation. Ce n’est pourtant pas d’elle que vient l’extase.
La progression, le chemin à suivre de la botte au bas, puis du bas au sacro-saint pied… a de quoi te faire frémir.
À condition de m’obéir.
Les jeux de pieds en BDSM : y a-t-il des règles précises ?
Tu pourrais te demander s’il y a un protocole immuable. Une marche à suivre.
Ce serait en contradiction avec la quintessence du BDSM. Car une session réussit suppose son lot de surprises, d’aléatoire, d’impétueux.
Les seules règles concernent en réalité le cadre sécuritaire. Pour le reste, tout dépend des directions que prennent le jeu sexuel.
Une fois que le contrat a été entériné, attends-toi à être dérouté. Ne cherche pas la conquête : dans mon univers, je porte les bottes. Le fouet et la cravache sont aussi des insignes de l’autorité. Mais ils sont plutôt des expédients, des vecteurs : le pied impose. Acte. Appose. Il te ramène à cette petitesse, il organise ma grandeur.
Alors ne cherche pas de canevas. Lâche prise. C’est moi qui mène la danse celle-là même dont mes pieds assurent la mesure.
Si tu es prêt à obéir, à servir… contacte-moi dès maintenant. Mon donjon à Paris t’est ouvert. Quant à mes pieds… ils se dévoileront si je l’ai décidé.