Maîtresse Saylie

Le contrat d’appartenance

Le sado-masochisme ne consiste pas en une série de sévisses aléatoires et cruels. Ceux qui le perçoivent comme tel en ont une compréhension biaisée. 
Oui, il y a ce lâcher-prise, qui suppose une dévotion. Oui, il y a domination. Oui, il y a impact. 
Mais en amont, avant que les délices BDSM ne fassent jouir l’esprit, frémir le corps, il est question d’établir un contrat d’appartenance, aussi nommé contrat BDSM. 
En tant que dominatrice, forcément, je connais très bien le principe de cet accord.
Et il me paraît essentiel de t’en dire quelques mots…

La contractualisation : une nécessité sociétale, dans tous les domaines

On sous-estime le nombre de situations, de collaborations, de projets qui s’édifient autour d’un contrat. Je ne parle pas seulement de BDSM, en l’occurrence.
Il y a les contrats tacites. Ceux qui s’établissent naturellement, sans y paraître, sans la moindre clause couchée sur papier. Par exemple, si tu t’assois à côté d’une personne qui t’es étrangère dans le métro, tu sais que tu ne dois pas l’embrasser. Et c’est la même chose pour elle. 
Alors bien sûr, il y a la loi. Mais au-delà, il y a une contractualisation éthique, une logique qui parcourt les décennies, les siècles, et organise notre interaction avec autrui. 
Elle ne suffit pas toujours. Lorsqu’un rénovateur est engagé pour réaliser des travaux, un contrat est nécessaire. Cela permet de définir ce qu’il doit faire (installer un nouveau système de chauffage, remplacer les vitres…), ce qu’il ne peut pas faire (improviser un supplément pour délivrer une facture beaucoup plus salée, s’arrêter au milieu des travaux…), dans quel délai, etc. 

Idem pour la personne qui engage : elle acte, par sa signature, qu’elle réglera le montant total des opérations, qu’elle dispose des autorisations nécessaires, etc.
L’officialisation permet aux deux parties de se rassurer. De s’assurer, aussi, que la collaboration ne se fera pas au détriment de l’une ou de l’autre.
Tout cela est clair dans les exemples que je viens de donner, car ils s’appliquent à la vie ordinaire. 
Dans un rapport de domination-soumission, cette dynamique ne te paraît peut-être pas aussi évidente. Voilà ce qu’il faut savoir.

Scenario BDSM
Scenario BDSM

Un accord avant la corde : n’oublions jamais l’aspect ludique

La dominatrice joue un rôle. Le dominé aussi. Les non-initiés peuvent facilement négliger cet aspect lorsqu’ils tentent de se représenter ces pratiques sexuelles, et pourtant : c’est primordial.
Tous les jeux, les vrais et bons jeux du moins, ont leurs règles. Celles qui permettent de prendre du plaisir quand la partie commence. Car les limites ont été fixé. Car des conditions ont été déterminées.
Cela empêche-t-il l’effet de surprise ? Heureusement, non. Lorsqu’on joue aux échecs, chaque pion se voit assigner des déplacements particuliers. Pour autant, aucune partie ne ressemble à l’autre : les stratégies de l’adversaire, ses pièges, ses initiatives vont devenir autant de défis à relever.
La différence, c’est qu’au moment d’une rencontre BDSM, il n’y a pas le rapport d’égal à égal qui s’instaure face à l’échiquier. C’est un contrat d’appartenance qui prévaut. 

Le contrat d’appartenance : attention à la punition !

Il y a plusieurs manières d’élaborer un contrat au sein d’un donjon, plus généralement d’un lieu dédié aux pratiques sadomasochistes. Quelle que soit la forme, en tout cas, le fond doit toujours permettre de déterminer des repères et de fixer des limites, comme je le disais un peu plus tôt.
Tout le monde n’a pas les mêmes fantasmes. Certains dominés ne veulent pas aller jusqu’à la sodomie, par exemple. 
Une fois que les jalons sont posés, que le contrat est signé, je suis aux commandes. Tu m’appartiens. Tu n’as plus à geindre, à pinailler, à négocier : la soumission, celle dont tu as besoin, celle qui va te faire jouir, peut totalement prendre ses quartiers.
Il te faudra alors répondre à mes ordres.
Tu n’imagines pas à quel point je peux, à quel point je sais me montrer impitoyable. Car bien plus que ton corps, c’est ton esprit que je dompte. 
Les clauses déterminées en 

Les clauses déterminées en préambule permettent…

De t’abandonner totalement au moment où le jeu commence. C’est le fameux lâcher-prise.

D’écarter toute excuse, tout prétexte : du moment que je respecte le cadre de notre contrat, tu n’as plus ton mot à dire.

D’orchestrer ma glorification. Ta maîtresse te tient, tu lui appartiens, ne sois plus qu’une chose docile, servile, toute consacrée à mon autorité.

Et les actes dégradants, humiliants, castrateurs… te seront, dans ce qui semble être un paradoxe à première vue, libérateurs.

Dominatrice Paris BDSM

Le plaisir d’appartenir à la maîtresse 

Le principe de plaisir est bien plus subtil que beaucoup de films pornographiques ne le laissent entendre. De nombreuses vidéos X laissent penser que toute la satisfaction vient d’une fellation, d’une pénétration, d’un orgasme obtenu pour ainsi dire mécaniquement. En somme, c’est la baise, toute crue, sans nuances, qui prévaut dans ce cas-là.
Le BDSM, à condition d’être correctement pratiqué, donne à la sexualité un tour bien plus complexe, où l’extase mentale multiplie les frissons. 
Quand le soumis m’est dévoué, il renonce au contrôle. Il se libère de ses obligations habituelles, quotidiennes, au travail ou à la maison. Il ne doit plus agir, se positionner – le fouet, le soulier, ou tout simplement le verbe, mon verbe, le guide jusqu’à la plus petite courbette.
Selon les personnes, le contrat d’appartenance conduit également à un rapport de soumission financière ; je pense au principe du moneyslave. En l’occurrence, le toutou n’a plus de pouvoir sur ses dépenses. Sa carte de crédit, quasi phallique de nos jours, lui échappe. 
Je pourrais donner bien d’autres exemples encore. Entre adultes consentants, le tabou a de quoi être transcendé par bien des leviers. Port de menottes, cordes, jeux de pieds… les dominatrices savent puiser dans tout un univers symbolique pour faire souffrir… et, par là-même, subtilement, par coups, par à-coups, faire jouir. 

Le contrat d’appartenance : ce qu’il faut absolument retenir

Le sadisme gratuit, mal intentionné, susceptible de nuire à l’intégrité physique de la personne soumise ou risquant de provoquer un traumatisme… n’a pas sa place dans mon donjon.
C’est d’ailleurs pour cette raison que dans l’expression sado-masochisme, on retrouve le sadisme… et le masochisme. La construction du terme lui-même, celui qui désigne la pratique, suppose cet accord initial. Ainsi, et même si j’utilise les deux au gré de mes envies, je trouve l’orthographe « sado-masochisme » encore plus parlante que sa variante « sadomasochisme ». Le trait d’union symbolise bien cette dynamique de consentement. 
Oui, je vais te faire mal. Oui, tu te sentiras humilié. Mais tu sais que tu le veux, que tu le désires, qu’il y a en cela la satisfaction d’un fétiche, d’une perversion à te donner. 
Je te donnerai. Des coups. Des ordres. Et tu prendras, tu comprendras, tu embrasseras cet instinct, ce désir de castration au fil de nos jeux.
Notre contrat formera la base de ta satisfaction. Sachant qu’elle passe surtout, avant tout, quintessentiellement… par la mienne.