Maîtresse Saylie

Les héroïnes du plaisir - L’influence féminine, bien avant les réseaux sociaux

Le concept d’influenceur ou d’influenceuse nous semble très contemporain.
Il l’est ; du moins dans le sens technologique du terme. Il l’est aussi car le terme en tant que tel n’avait jamais revêtu cette acception jusqu’à aujourd’hui.
Mais si l’on ouvre son esprit – je m’y attèle chaque jour…
Si l’on quitte les définitions guindées pour embrasser les forces transcendantales, alors affirmons-le : il y a toujours eu des influenceuses. Le livre dont je voulais dire quelques mots aujourd’hui, Les héroïnes du plaisir, se consacre pleinement à cette thématique passionnante avec pour focus le XIXe siècle. J’ai été captivée par ce livre d’histoire qui, c’est le propre des meilleures œuvres du genre, raconte aussi le présent. Du moins lui fait-elle écho à bien des égards.
La déconstruction du patriarcat, la quête d’un équilibre entre les genres, celle d’une juste répartition des pouvoirs, offre l’occasion de donner voix à ces femmes d’exception. Un cliché poussiéreux consiste à dire qu’il y a toujours une femme derrière un grand homme : la réalité se veut bien plus complexe. Et plus passionnante.
N’en déplaise aux phallocentriques, même au faîte du machisme institutionnalisé, la femme a su être sur le devant de la scène… tout en paraissant se tapir dans les coulisses ! Et c’est là que s’est cristallisé toute l’intelligence des Héroïnes du Plaisir.

Une ode aux « demi-mondaines »

Ce livre sorti en 2021, on le doit aux journalistes Judith Spinoza et Raphaël Turcat. Deux bourreaux de travail, passionnés, cultivés, avides de lire et de nous faire lire le monde. La structure s’assimile à celle d’une anthologie, invitant à un voyage dans le temps par portraits.
Les Héroïnes du Plaisir évoque le destin de femmes ardentes… et de femmes qui se brûlent. Qui charment et se laissent consumer, parfois tragiquement, par ce pouvoir qu’elles exercent dans les arcanes d’une société en pleine mutation. Certains parcours tiennent du sacrificiel. Paris, là où tant de cartes sont jouées, devient le théâtre de luttes intestines qui redéfinissent tant d’évidences, quitte à ce que le sang coule.
Ainsi va (tristement mais historiquement) la révolution. Au sens propre comme au sens large. D’un point de vue politique, sociétal, sexuel aussi.

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Liane de Pougi, Mata Hari, La Belle Otero… lesquelles connaissez-vous ?

Il y a fort à parier que plusieurs de ces vingt « héroïnes du plaisir » vous soient inconnues.
J’étais dans la même situation avant d’engager cette lecture. Et c’est une des forces motrices de l’œuvre : raconter l’importance, l’impact de ces femmes jusqu’ici sinon ignorées, du moins délaissées par les chroniqueurs. Dans un style accessible mais agréable, les deux co-auteurs nous étonnent, nous émeuvent, tout en restant fidèles à leurs sources et sans verser dans le pathos.


Il m’a semblé évident de conseiller cette lecture à mes mâles-aimés, comme à toutes celles et tous ceux qui consultent mes billets. En tant que domina, sans pourtant m’ériger en héroïne – ce serait céder à l’orgueil – j’influence aussi. Je dirige, j’oriente ; usant de mon pouvoir à bon escient.
Toutes ces femmes cultivaient-elles le même souci de bienveillance ? Je vous laisse le découvrir. Une chose est certaine : ce livre mérite qu’on le découvre, qu’on le dévore, tutoyant l’intemporel et le contemporain avec brio.

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