Munch BDSM : qu’est-ce que c’est ? Une définition par Lady Saylie
Si tu t’intéresses au versant communautaire du sado-masochisme, tu as sans doute déjà lu/entendu parler du munch BDSM. Mais de quoi s’agit-il, exactement ? Quel genre d’événements se cache derrière cette expression anglophone ?
En tant que dominatrice expérimentée, je cultive un goût prononcé pour la cérébralité. Il me semblait donc évident de dédier un article à ces moments privilégiés. Voici quelques explications.
Munch BDSM : c’est quoi, exactement ?
Un munch BDSM consiste en une réunion thématique. Elle réunit des participantes et participants cultivant la même passion pour le bondage et le sado-masochisme. Elle peut être suivie par une mise en pratique, par des activités plus… concrètes. Mais ces dernières ne font pas directement partie du munch, car il se consacre à la parole ; à l’échange.
Voici quelques éléments caractéristiques, typiques des munchs BDSM :
Ils respectent la vie privée de chaque personne conviée.
- Ils prennent place dans un lieu prédéfini, discret lui aussi.
- Ce sont des espaces de discussion où règne la confidentialité.
- Une thématique permet d’animer la discussion, sans l’y enfermer.
- Le respect et la tolérance sont de rigueur.
- Comme son nom l’indique, cette rencontre se focalise sur des sujets BDSM. Par exemple : la féminisation, le rapport de domination/soumission, la notion de « douleur » et de « plaisir », le pouvoir féminin, les limites à fixer.
Bon à noter : ce qu’un munch BDSM n’est pas
Afin de clarifier le contexte, le cadre, précisons que les munchs BDSM ne sont pas…
⦁ … l’équivalent d’une thérapie de groupe. Il n’y a pas de vocation strictement médicale à ces réunions. Même si, naturellement, la parole peut aider à évacuer certaines tensions, frustrations…
⦁ … le mercato du BDSM. Quelqu’un qui décide de participer ne doit pas espérer trouver « sa maîtresse/son maître » ou « sa dominée/son dominé ».
⦁ … une discussion trop politisée. On restera neutre, ouvert(e) aux avis des autres sans forcément les partager.
Revenons-en maintenant au cœur de la question. J’aimerais me focaliser sur les raisons qui motivent le plus souvent une inscription.
Pourquoi participer à un munch BDSM ?
Je ne saurais m’exprimer à la place de tous les intéressés. Or on peut tout de même relever quelques éléments, quelques atouts souvent recherchés :
⦁ C’est une précieuse occasion de donner du sens et de la substance aux jeux de soumission et de domination. Celles et ceux qui discutent mettent des mots sur les émotions, leurs sensations, leurs tentations…
⦁ Le munch BDSM renforce la dimension culturelle et intellectuelle du sado-masochisme et du bondage. Les stéréotypes projettent une image souvent biaisée, trop « pornographique » de ces très nombreuses et subtiles pratiques. Par exemple, il peut s’agir d’évoquer le lien entre le patriarcat et ce que recherchent les soumis. Ou encore de s’interroger sur les contours du « CNC » (consensual non-consent) : comment trouver un équilibre ? Où s’arrêter ? Et il y a encore une large liste de thématiques à discuter.
⦁ Grâce à ces rencontres, les passionnés peuvent se sentir moins seuls. Un fantasme, un « kink » (tant qu’il reste éthique et légal) peut être dédramatisé lorsqu’on réalise que d’autres songent aux mêmes voluptés.
⦁ Comme je l’évoquais un peu plus tôt, la confidentialité ne saurait se négocier. L’espace de parole se veut « safe » ; celles/ceux qui contreviennent à cette règle pourraient se voir refuser le droit de participer.
Et si tu te laissais tenter par un munch BDSM ?
Les munchs BDSM offrent l’occasion de rompre la routine. De dessiner quelques nouvelles perspectives. Pour ma part, j’apprécie pleinement ces instants. Un cocon se construit, pleinement voués à l’interaction.
En mai prochain, justement, je me rendrai à Cannes pour plusieurs événements. Parmi eux, un munch BDSM dédié à la représentation de la domination/soumission dans le 7e art. Qui sait… peut-être que nous mettrons en commun nos observations de cinéphile ?
Quoi qu’il en soit, ces rencontres comptent beaucoup. Elles participent à la forge d’une communauté, et à sa consolidation. Les tabous s’évanouissent lors de délicieuses parenthèses complices.